•Interprétation d'une épée à antennes à monture de fer retrouvée à Saint-Dalmas-de-Tende (06), Musée de Nice-Cimiez, seconde moitié du VIème siècle/début du Vème siècle avant J.C.•

Interprétation d’une petite épée à partir d’une pièce originale découverte dans les Alpes-Maritimes.
Un modèle intéressant et qui rappelle quelques grands standards de certaines épées de l'Âge du Bronze.
Une épée réalisée intégralement à l’aide de fers faiblement carburés et de fers phosphoreux de bas fourneau artisanal à partir de différents minerais (hématite et limonite essentiellement).
Une grande partie du fer présent ici est produit à l’aide d’hématite d’Ardèche.
Pour le clin d’œil, dans le mélange, j’ai également inséré un petit morceau de fer gallo-romain daté de l’an 40 après J.C.
La lame à profil diamanté garde une épaisseur assez soutenue sur toute sa longueur ce qui lui donne une bonne rigidité.
Elle est possède une section très légèrement pistilliforme sur sa longueur.
Les sillons sont creusés à la main au trusquin-bouvier.
La garde en fer à cheval reprend les décors simples du modèle original.
La fusée oblongue est formée à l'aide d'une plaque forgée dans le même barreau que le reste.
Une plaque roulée sur elle-même et dont les extrémités se chevauchent l'une sur l'autre afin de permettre un assemblage durable grâce à une soudure à chaude portée réalisée au marteau.
Pommeau à antennes dont les extrémités ont été forgées en utilisant une méthode de cloutier classique.
Une petite rosette permet le matage de la soie sur le sommet.
Elle est également en fer gallo-romain daté de l’an 40 après J.C.
L’ensemble est chargé avec près de 1% de phosphore ce qui permet d’obtenir une lame d’une bonne rigidité et une structure qui supporte aussi plus facilement l’oxydation.
Un défi technique pour moi en terme de fabrication lorsque je repense à chaque partie sortie de forge, le phosphore rendant par définition le fer cassant, difficile à travailler.
Le phosphore, une composante essentielle dans mon travail de reconstitution de pièces de musée, à la fois pour les caractéristiques mécaniques qu’elle apporte aux fers et aciers et aussi pour ses caractéristiques visuelles assez uniques et qui donnent un aspect laiteux à la structure.
Le phosphore est présent naturellement dans de nombreux gisements de minerais de fer de surface.
Dès l'Antiquité, il permet d’accroître la robustesse d’outils/armes et joue également un rôle important dans la construction de lames damassées plus tardives.
Bien que l’on juge le phosphore indésirable dans la métallurgie moderne, il aura été présent dans beaucoup de fers produits jusqu’aux environs du début du XXème siècle car on ne savait pas s’en débarrasser.
Sur certains endroits de la poignées, on peut apercevoir quelques "stigmates" et fines craquelures dus à l'emploi de fer phosphoreux.
Un rendu très particulier et inimitable qui donne un aspect vivant, organique à la matière.
Le polissage semi-miroir que j'effectue à la main permet de révéler subtilement la structure composite de chaque partie de cet objet.
Quelques caractéristiques:
Longueur totale: 75 cm
Longueur de la lame: 62 cm
Largeur de la lame: 2,9 cm
Longueur de la poignée: 8 cm
Point d'équilibre situé à 16,5 cm de la garde
Poids: environ 750 grammes